TRUCKERS : Travelin’ Man (2013)

Attention, ne vous fiez pas à l’état de corrosion du camion sur la superbe pochette du digipack, ce n’est qu’un leurre ! Certes le bahut franc –comtois s’est tu depuis six longues années, mais l’attente n’est que plus belle car sur ce Travelin’ Man de douze titres, il vrombit et crache le feu avec une vélocité peu commune. Opus le plus orienté sud de la large discographie des Truckers, avec un Chico qui pilote toujours de sa chaude voix le Mille-patte, qui roule à tombeau ouvert avec un son musclé bien dans l’air du temps comme les Ricains Skinny Molly, Highway Riders, les Européens Moderate Pace et Soundtruck, mais cette rage n’oublie pas les fondamentaux, comme le premier titre de cet album, « Bird Doggin », reprise de Keith Colley popularisée par Gene Vincent. Nos camionneurs lui font subir un traitement de choc salutaire à faire tomber raide un puriste, et enchaînent avec « Ballade of a Honky Tonk Man », belle pièce de rural southern rock qui repose le pèlerin.

On repart à la charge avec les rageurs southern boogies « Time For Changes » et « The City » avec des triades à la sauce sudiste fort convaincantes, puis arrive une petite merveille southern bluesy, « I’m Not The Perfect Man » avec en invité Christophe Marquilly pour une slide, et un harmo qui pourfend l’atmosphère. Puis autre reprise de l’album, « Waiting For a Saturday Night » de Dr Feelgood qui remue bien son homme par son approche pub rock’n rollienne.
Maintenant chapeau bas, recueillement et hommage à Southern John Molet sur « Southern John » : tout ce qu’aimait John suinte dans ce morceau, à commencer par la participation de ses deux frères d’armes de Calibre 12 : Jean Marie Coron (guitare) et Pat Leblanc (chant), suivi d’une trame Skynyrd remplie d’intensité et d’émotion qui pousse le contenu et se conclut par une fin torride où on lâche la cavalerie sans concession avec des grattes qui miaulent à l’unisson. A noter dans le GPS du bahut l’apport de RTJ par la plume Sergent-Major de Yves Philippot-Degand qui co-signe cette perle ainsi que cinq autres titres. Vient ensuite « Old Trucker » fort joli mais hélas trop court avec Jean-Marie Coron en aval. Le reste de l’album fonctionne sacrément et s’emballe sur du très bon boogie sudiste avec « Little Queenie », « What Can I Do », et « Rock’n Roll Night. ». On peut décerner sans crainte le label des grands No Guts No Glory pour l’homogénéité de l’ensemble.

Jacques Dersigny