NANDHA BLUES - Black Strawberry Mama


Personnal :
Max Arrigo - guitar & vocals
Paolo Barbero - bass, Hammond organ & background vocals
Giuliano Danieli - drums

Additional musicians :
Christian Curcio - sitar, bouzouki trichordo & mandolin
Roberto Guietti – harmonica
Leila Casareto - background vocals
Raffaela D'Anello - background vocals

Titles :
01 Nandha's Slave Blues
02 Still On My Feet
03 Can't Get You Offa My Head
04 Grand Combin Love Affair
05 Life Is For Learning
06 Playin' For Peanuts
07 Rollin' Alone
08 Back Where I Belong
09 Black Strawberry Mama
10 Mr. America

D'emblée, la pochette donne le ton, et vous pouvez vous y fier : l'inspiration psychédélique ne fait aucune doute, et elle transpire à travers tout l'album. Alors, si vous êtes prêts pour un grand retour vers la fin des 60's ou le début des 70's, vous pouvez nous suivre dans l'exploration de ce nouveau bébé de Max Arrigo et ses potes du Nandha Blues.
L'intro du premier titre nous emmène tout de suite au cœur du sujet : au sitar de Christian Curcio succède la slide très typée de Max Arrigo poursuivie par la basse bavarde de Paolo Barbero et la batterie éclatée de Giuliano Danieli, le tout exhalant un inimitable parfum d'une époque aujourd'hui en principe révolue : celle de Free, des tout premiers Led Zep'... bref, de toute une école de heavy blues psyché aujourd'hui un peu désertée. Le solo de Max, lors d'un passage hors tempo, contribue lui aussi par quelques notes un peu hors gamme pentatonique, à nous renvoyer à cette grande époque un peu expérimentale, mais on se retrouve vite en terrain connu et le relais se fait sans problème avec le titre suivant, un blues en picking fleurant bon le champ de coton, de facture assez classique jusqu'au moment où une très brève descente vient nous renvoyer au graphisme de la pochette. Bien entendu, au fil des titres, l'auditeur traverse des ambiances un peu différentes, plus guillerettes, plus enlevées, ou au contraire plus traînantes, parfois assez proches de l'esprit du rock sudiste (le remarquable et pêchu « Life Is For Learning »), mais on retrouve à chaque fois un jeu de guitare très « roots » de Max Arrigo, avec force slide et picking, soli saupoudrés d'un doigt de délire, sur une rythmique très présente (c'est qu'en trio faut meubler...). Les compositions souvent articulées autour de plusieurs thèmes composent avec une certaine complexité. On sent une volonté d'imaginer une musique originale. Pas de doute, le produit très typé relève d'une option tout à fait volontaire de la part du groupe, option qui doit fournir des moments miraculeux sur scène mais qui a un peu de mal à décoller sur disque. Parmi les bonnes surprises de ce disque, citons l'intervention bienvenue de l'harmonica de Roberto Guietti dans « Grand Combin Love Affair », histoire de modifier un peu les timbres, ou le sympathique arrangement acoustique de « Mr. America » qui permet au disque de se conclure.
Cet album ne manque ni d'énergie, ni de savoir faire, car il supporte volontiers plusieurs écoutes, devenant plus familier à chacune d'elles, ce qui me paraît plutôt bon signe, mais il traite d'un style particulier, assez pointu, que Max et ses complices essaient de remettre au goût du jour via une réactualisation un peu risquée, car les oreilles d'aujourd'hui, peu initiées, peuvent ne pas adhérer à un contenu fort éloigné du rap, et qui demande quand même de s'y attarder un peu, zappeurs s'abstenir ! Il ne plaira donc pas à tout le monde, mais que les aficionados ou les curieux jettent quand même une oreille sur cette courageuse tentative ne manquant ni de cran ni de personnalité.

Y. Philippot-Degand