BLUES CARAVAN 2014
LAURENCE JONES/CHRISTINA SKJOLBERG/ALBERT CASTIGLIA

Trois artistes se partagent l’affiche de ce Blues Caravan 2O14 enregistré en Allemagne : le Britannique Laurence Jones (qui reprend le flambeau du British Blues Rock et a ouvert notamment pour le grand Walter Trout), Christina Skjolberg (la guitariste norvégienne blonde et gauchère qui s’est fait tatouer le visage de Jimi Hendrix sur l’épaule gauche) et Albert Castiglia, originaire de Miami, Florida (hourrah !) et découvert par Junior Wells, l’harmoniciste de Buddy Guy.

Comme d’habitude, Ruf Records nous propose un pack cd/ dvd avec quelques morceaux différents sur chacun des supports, ce qui évite l’impression de « double emploi ». Cette chronique sera basée sur le dvd qui comporte trois titres de plus que le cd et qui nous renseigne mieux sur le type de jeu et la prestation scénique des musiciens.

Le concert débute par « Join me on the blues caravan », un rythm n’ blues funky et syncopé, sur lequel chacun des trois guitaristes envoie un solo.

Ensuite, c’est Christina Skjolberg qui ouvre le bal. Normal, c’est la plus jeune et surtout la moins chevronnée (elle n’a que deux ans d’expérience en tant que professionnelle). Elle attaque avec « Come and get it », un titre qui reprend de façon un peu plus lente la même formule que celle du morceau d’ouverture. Elle enchaîne ensuite avec « Close the door », au tempo proche du Texas shuffle, qui mélange des influences blues-rock et ZZ Top. Christina lâche un bon solo. Elle termine son set avec « Hush », un blues-rock mid tempo syncopé dont le refrain semble légèrement pompé sur celui de « Voodoo chile » de Jimi Hendrix.

Le public applaudit chaleureusement la Norvégienne au jeu de guitare résolument rock, tant par le son que par le phrasé.

Puis c’est au tour de Laurence Jones qui démarre avec « Wind me up », un blues swinguant à la BB King. Le solo laisse transparaître les influences du guitariste (Chicago blues, Texas blues, Stevie Ray Vaughan).

Sur « Soul swamp river », au tempo proche de « Change it » de Stevie Ray Vaughan, Laurence envoie un solo marqué du style de Stevie Ray avec une pointe de Clarence « Gatemouth » Brown. Le guitariste s’offre même un intermède sans médiator, juste aux doigts (finger picking et slap) ; il a tout compris au Texas blues. Il continue avec « Fall from the sky », une ballade pop/blues avec une intro en finger picking et un splendide solo qui alterne des phrases mineures et majeures, du feeling et de la technique.

Laurence Jones finit son show en reprenant « All along the watchtower » d’Hendrix avec une maîtrise et une maturité impressionnantes. Il balance un bon solo de guitare wah wah et caresse sa six-cordes sur le break ralenti tout en présentant les musiciens qui l’accompagnent (et qui serviront d’ailleurs de backing group tout au long de la soirée). Puis la chanson repart avec une orgie de solos alliant vitesse, feeling, technique et inspiration. Laurence Jones ne se contente pas de reprendre ce titre de Jimi (en fait une reprise de Dylan par Hendrix, NdR.). Il le fait sien et en restitue une version toute personnelle (tout comme le regretté Jeff Healey en son temps). Notre guitariste obtient un franc succès.

Avec Albert Castiglia, on n’a pas le temps de se poser de question. La Tornade de Miami démarre sur les chapeaux de roues avec « Fat cat », un boogie/swing instrumental endiablé qui rappelle le « Thank you Mama » de Point Blank. Le bassiste se fend d’un bon solo. Quant à l’ami Albert, son style est un curieux cocktail de Charlie Christian, de Chuck Berry et de Gary Moore avec, bien sûr, la touche personnelle de l’artiste. D’entrée de jeu, notre gratteux de Floride remet les pendules à l’heure et amène tout le monde à cette conclusion : Albert Castiglia est un TUEUR ! Il enchaîne directement avec un autre instrumental tout aussi endiablé que le précèdent, « Freddie’s boogie », sorte de « La grange » speedé. Il enfile tous les plans du rock et du blues, dans l’ordre et dans le désordre. Lors d’un intermède, seul avec la batterie, il monte le son de son instrument et joue uniquement avec sa main gauche. La grande classe !

Il revient au blues lent avec « Bad avenue » et il descend de scène pour aller jouer son solo dans le public. Tout en tirant de sa guitare des solos déchirants, il dit bonsoir à tout le monde, se met à genoux devant une dame et traverse la salle pour rendre visite aux spectateurs du fond. Un grand showman !

La prestation d’Albert Castiglia s’achève sur « Going down slow », un blues rock syncopé. Le Floridien récolte une ovation générale.

Il est alors rejoint par Laurence Jones et Christina Skjolberg pour un « Cocaïne » inoubliable (les trois musiciens croisent leurs instruments et jouent en inversion, chacun grattant le manche de l’autre) et un «Sweet home Chicago» d’anthologie.

Un excellent concert ! Et bravo au backing group qui a magnifiquement assuré en accompagnant ces trois artistes tout au long de la soirée.

En visionnant ce show, on regrette tout simplement de ne pas avoir été dans la salle.

Olivier Aubry