LIQUID GROOVE MOJO
Acoustically challenged Live & unplugged 2006
Recorded at The Big Chill, Hot Springs, Arkansas, 07/08/2006

Musiciens: Joe Pitts - guitar & vocals / Darrell Davis - guitar & vocals
Al Hagood - bass / Bryan Blankenship - drums & percussion

Titres:
1 - Franklin's Tower
2 - Sunshine
3 - Little Wing
4 - Mojo Workin'
5 - Hello Goodbye
6 - Walking The Dog
7 - High Price
8 - Thrill Is Gone
9 - Cradle To The Grave
10 - Into The Mystic
11 - Long Walk
12 - Same Thing

Dès les notes de pochette, les quatre de l’Arkansas annoncent la couleur: le CD est pour leurs fans, qui leur demandaient un enregistrement en acoustique, et le mixage inclura tous les bruits indésirables et tous les pains de leur prestation, afin de préserver l’authenticité de l’événement. Bon esprit les gars ! N’allez pas pour autant croire que ce disque n’est qu’un ramassis d’incidents acoustiques, de désinvolture sonore et de plantades diverses, au contraire même. Le mixage nous installe même gentiment face à la scène : oreille gauche, la guitare de Joe Pitts, oreille droite, celle de Darell Davis, comme ça on peut tout suivre en direct. Pas de planqué chez Liquid Groove Mojo ! Et les musiciens peuvent démarrer le set, qui se partage entre morceaux originaux et reprises de standarts, nous régalant au passage de quelques prouesses.
On ouvre le feu avec « Franklin’s tower », qui balance agréablement, et on enchaîne sur une ambiance plus typiquement sudiste (« Sunshine ») avant que les lascars ne nous estourbissent avec leur très belle version de « Little Wing », titre qui se prête facilement à une version acoustique… quand le talent nous porte, et c’est le cas ici. « Mojo Working » débute de façon guillerette sur une intro à la « Lay down Sally » avant de trouver sa vitesse de croisière, puis Joe Pitts sort son bottleneck pour « Hello Goodbye », longue et douloureuse ballade bluesy comme les groupes sudistes aiment à semer le long de leurs disques comme autant de joyaux.
Réveil pour tout le monde avec le classique « Walkin’ the dog », propulsé par des rythmiques gentiment funky, avant un sympathique épisode country blues (« High Price ») et une autre petite merveille : leur version très « cool » mais très swinguante de l’éternel « Thrill is gone », à écouter le soir au coin du feu qui crépite dans l’âtre, un bon whisky à la main, rien que pour se laisser bercer par son doux balancement. Les deux guitaristes font assaut de notes fluides pour nous emporter dans leur univers. Voilà une bonne piste pour se ménager un bon moment de détente après une rude journée. Les atmosphères se succèdent au fil des morceaux, et leur version acoustique de « Cradle to the grave » se distingue par sa puissance et sonne très « cossue ». Les musiciens ont la patate, ça s’entend et le traditionnel petit passage hors-tempo sert de tremplin à la guitare acérée de Joe Pitts. Retour au calme avec « Into the mystic », ballade tranquille tout en retenue et en délicatesse, avant que le bottleneck ne vienne zébrer un « Long Walk » à l’arraché et que « Same Thing » ne clôture l’album sur un groove souple qui a piqué quelques déhanchements du côté de la Louisiane. Au final, sans atteindre l’ahurissante maîtrise d’un « Endangered Species » (mais on n’en est pas si loin), le groupe montre là toutes ses qualités musicales sans se départir d’un louable souci d’authenticité, et se tire de l’exercice avec tous les honneurs. Liquid Groove Mojo nous offre un très bon album, à écouter en toute décontraction en savourant quelques pépites. Ce disque devrait trouver sa place dans toute discothèque sudiste qui se respecte.
A conseiller vivement à tous ceux qui n’ont pas besoin de se faire arracher les tympans pour apprécier les groupes du Sud.

Yves Philippot