RUN C&W
Into The Twangy-First Century/Row Vs. Wade - 2006

Musicians : Russell Smith, Jim Photoglo, Vince Melamed, Bernie Leadon

Mort de rire!
Bon, récapitulons: nous recevons la réédition en un seul CD des deux premiers opus de Run C&W, commis
(pas d'autre mot !) respectivement en 1993 (Into The Twangy-First Century) et 1995 (Row Vs. Wade).
Les membres de ce groupe sont les " faux frères " Burns, à la manière des regrettés Travelling Wilburys : Crashen Burns, Wash Burns ( !), Side Burns, et Rug Burns. Sous ces pseudonymes (couvertures ?) peu sérieux, deux noms nous attirent l'oeil : au banjo (et probablement aussi mandoline et autres réjouissances), on trouve Bernie Leadon, oui,
LE Bernie Leadon, le fondateur des Eagles, au temps où ce groupe voulait explorer les ponts entre country et rock californien, et le chanteur principal s'appelle Russell Smith, et il a eu son heure de gloire avec l'Amazing Rhythm Ace, un groupe fort comparable aux… Eagles, la renommée en moins. Les deux lascars sont appuyés par deux compositeurs multi instrumentistes de Nashville, et tout ce petit monde a décidé de jouer une " énaurme " farce.
Nos quatre farceurs, extrêmement compétents du point de vue musical, se mettent alors en tête de passer les principaux standards de soul music et de rhythm'n blues à la moulinette endiablée d'une country louchant fortement vers le bluegrass, le tout assorti de grognements divers, de caquètements, de meuglements plus vrais que nature (irrésistible et désopilante version du célébrissime " What'd say " de Ray Charles, pour ne citer que celle-là), histoire de se mettre dans l'ambiance. Les morceaux sont judicieusement choisis et enchaînés, et la parodie rurale tourne à fond et fait mouche à chaque fois : imaginez un peu l'allure d'un " Hold on I'm coming " dans ces conditions…
On n'est pas loin de la version de " Je t'aime moi non plus " des regrettés Bourvil et Jacqueline Maillan !
Ce disque est un pur moment de jouissance décalée, en même temps qu'un enchantement musical pour qui n'est pas allergique au style : au banjo de Bernie répondent allègrement mandoline, fiddle, guitare acoustique, et même harmonica dans un mælstrom iconoclaste bien mis en valeur par une rythmique (avec washboard !) qui swingue comme dans un saloon, tandis que les vocaux irréprochables (compte tenu de l'ambiance champêtre…) égrènent joyeusement des titres accrochés jusque là dans le Panthéon de la musique américaine. Impayable !
Le groupe s'est séparé après le second album, et après l'écoute de leurs " œuvres ", je n'ai plus qu'un seul souhait :
les mecs, si c'est encore possible, REFORMEZ-VOUS !
Yves Philippot