BOOTLEGGERS
Espace Ille et Donac Tinténiac (35) 19 Mai 2013
(Festival 6èmes WestRennes Country Days)

La région rennaise qui a longtemps semblé hermétique aux joies du rock sudiste (malgré les tentatives d'Excès de Zèle) semble aujourd'hui bizarrement devenir une place forte de la country et du blues. Aux festivals de blues de Monfort (Montfort Blues festival), à l'ouest et à l'automne, et de Bain de Bretagne (Bain de Blues), au sud et en mai, répondent les festivals country West Country de Bain de Bretagne (encore!) en août et ces WestRennes Country Days à Tinténiac, en mai aussi, au nord de la métropole, direction Saint Malo. On ne va pas s'en plaindre... Si le rock sudiste pouvait lui aussi être défendu, ce serait parfait. En attendant, les Bootleggers se retrouvent à l'affiche de cette manifestation country et nous profitons d'un trop rare passage du groupe en Bretagne pour nous rendre à ce festival. Une occasion pareille, faut savoir sauter dessus !

Nous prenons la voiture pour une petite heure de route vers Tinténiac malgré ce temps toujours aussi maussade qui aura coloré tout le printemps. A l'arrivée, force est de reconnaître que l'organisation a essayé de bien faire les choses : grand parking gratuit, campement cow-boy façon trappeur, boutiques de fringues et les inévitables bagnoles américaines devant l'entrée : des Chevrolet, un break Caprice jaune des 70's et la Chevelle du shériff pendant les 60's, une majestueuse Buick 8 Super des 50's et une Cadillac Seville des 80's pour faire bon poids. Un peu plus tard, devant le campement s'arrêtera une étonnante 2CV tirant un petit chariot de pionniers. Dans la grande salle ambiance U.S. cernée des drapeaux de tous les Etats des U.S.A., des danseurs en ligne montrent leur savoir-faire. On les interrompt de temps en temps pour faire place à la démonstration étonnante de la petite troupe de jeunes Tchèques Caramelka. Au fond, la scène, où le drapeau confédéré est flanqué de deux Gwen ha du (drapeaux bretons), n'attend plus que les Bootleggers. Sachant par Didier qu'ils avaient un concert la veille à... Nîmes, je ne suis pas étonné quand Patrick, le directeur du festival, que nous remercions au passage de son accueil, m'annonce qu'il les a renvoyés à l'hôtel dormir un peu après une traversée brouillardeuse et incertaine du Massif Central. Dure, la vie de musicien ! Nous avons donc tout le temps de prendre nos marques et d'admirer les différentes démonstrations.

Après un petit peu d'attente, j'aperçois Didier sur scène : le concert ne va pas tarder. Nous avons le temps de nous dire un petit bonjour de loin et Patrick prend le micro pour lancer la prestation des Bootleggers. Malgré les fatigues du voyage, ça démarre fort avec un instrumental rapide (« Texas Polka ») suivi aussitôt d'un morceau très country mais aussi enfilé sur un rythme très soutenu. Je ne vais pas vous faire tout le détail du concert, mais les Bootleggers ont assuré avec une énergie étonnante quand on sait la nuit qu'ils venaient de vivre. Chacun dans le groupe a son rôle, Didier dans celui du frontman, Nicolas, le jeune batteur, s'occupe avec compétence et bonheur des double voix, et il a droit à un petit solo sur « Exit 109 » et surtout à un long moment réservé à son talent d'instrumentiste juste après la reprise du célèbre « Spirit In The Sky », où il se lève et met tout le monde dans sa poche, le public en claque dans ses mains ! Doit-on encore présenter Fred, le guitariste solo du groupe ? Certainement une des plus fines gâchettes de l'hexagone dans le style, il nous a offert pendant le show plusieurs moments d'anthologie. Le bassiste ? Ah oui, et bien Paulo s 'acquitte de sa tâche avec efficacité et discrétion, mais qu'on se le dise, c'est du solide ! Plus le show avance, et plus on quitte les rivages country pour titiller le rock. Didier fait chanter le public sur la reprise des Flynnville Train « Rednekkid ». Le public peut ensuite compter sur des reprises plus connues pour participer : le « Move It On Over » de Hank Williams popularisé en France par George Thorogood ou le célébrissime « Sweet Home Alabama » de Lynyrd Skynyrd. En fin de parcours, un « Cherokee Boogie » d'enfer vient installer une belle ambiance de rock'n roll en plein festival country ! Mais en bas de la scène, le public est conquis et veut continuer la fête, alors le groupe revient leur servir une deuxième version de « Rednekkid » pour leur permettre à nouveau de participer. L'attente à la table de dédicace quelques minutes plus tard ne trompe pas : les Bootleggers ont conquis l'assemblée et vont pouvoir revenir dans leur Sud-Ouest avec la satisfaction d'avoir porté haut la bonne parole du rock sudiste.

Y. Philippot-Degand
Photos : Laurence Degand-Philippot

Set-liste :
TEXAS POLKA
I'M AFRAID
OUT OF HABIT
EXIT 109
DIGGIN' THE BOOGIE
LOOKING OUT THE WINDOW
REDNEKKID
ALABAMA HIGHWAY
SPIRIT IN THE SKY
DRUMS SOLO
MOVE IT ON OVER
FREEBORN MAN
51-PIECES
SWEET HOME ALABAMA
CHEROKEE BOOGIE

Rappel :
REDNEKKID

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